Mini Manifeste 2018 sorti des cartons

Nos archivistes ont retrouvé ce manifeste élaboré en 2018 par de glorieuses-eux prédécesseurs, qu'on salue au passage. Nous le remettons ici à des fins d'archivage et d'autocritique, à l'heure où nous en échaffaudons un nouveau pour rendre compte des constantes qui ont perduré et des évolutions qui ont eu lieu au cours de ces 8 années à Bohlen.

 

Grrrnd Zero désigne à la fois le lieu et la nébuleuse humaine qui le fait vivre. Il désigne aussi un concept métaphysique qu'aucun philosophe moderne n'a encore su définir précisément sans s'arracher les cheveux. 

 

GZ est installé à Vaulx-en-Velin depuis 4 ans, et a récemment ouvert une salle aux Normes de Sécurité de la République, dont la programmation s'élabore collégialement, avec enthousiasme, éclectisme et exigence : concerts, projections, cantines, expositions, soirées de soutien à des causes militantes. On ne vous prendra pas pour des imbéciles en parlant d'incubateur, d'entrepreneuriat culturel et de fooding. Au-delà des considérations esthétiques, GZ soutient la culture du faire-soi-même, et les pratiques s'inscrivant en marge des logiques de profit. Nos locaux hébergent ainsi une foule de studios, ateliers et bureaux servant à répéter, imprimer, éditer, dessiner, coudre, bricoler, cuisiner, informer, diffuser, de jour comme de nuit. 

 

GZ fonctionne en autogestion, sans subvention de fonctionnement et grâce à l'ardeur de dizaines de bénévoles qui s'attachent à réunir les conditions d'accueil les plus décentes, tant pour les artistes que pour le public et la Pachamama. L'entrée aux concerts oscille entre prix-libre-et-responsable et 9,99€, et on ne refoule personne pour finances insuffisantes.

 

Bref, depuis son ouverture il y a 15 ans, GZ poursuit le même objectif : bâtir un abri stable, préservé de la précarité perpétuelle subie par la majorité des lieux d’activités alternatives, tout en sauvegardant notre part d’autonomie. Mais aussi esquisser une communauté au sein de laquelle se sentir un peu moins seul, même si c'est pour au final mieux s'entredéchirer à la veille de l'apocalypse agroalimentaire.

Grrrnd Zero 9 ans, tremplin en amiante et parachute doré (manifeste GZ 2013)

Grrrnd Zero est né il y a maintenant 9 ans autour d'un gang d'individus affamés de musiques impossibles qui, lassés par l'absence de lieux adaptés à leurs penchants, décidèrent de squatter un bâtiment vide appartenant au Grand Lyon.

Depuis cet événement inaugural, nous avons poursuivi le même objectif : bâtir un abri stable, préservé de la précarité perpétuelle subie par la majorité des lieux d’activités alternatives, tout en sauvegardant notre part d’autonomie. Nous soutenons ainsi qu’il est possible d’élaborer collectivement une politique en funambule, entre négociations pragmatiques avec les pouvoirs publics et refus des compromis quant à nos contenus et nos modes de fonctionnement.

Aussi à la veille de notre prochaine transhumance, il nous faut donc faire le point, expliquer où en est GZ et le chantier qui s'annonce.


Principes

1/ Soutenir au travers d’un lieu les pratiques indépendantes / expérimentales / alternatives / bizarres / underground.

D’une part en hébergeant et en accompagnant des évènements proposés par de multiples organisations. Certes, on s’est beaucoup concentré sur les concerts, mais on compte bien s’ouvrir davantage aux projections, expos, soirées de soutien, bouffes, etc.

D’autre part en fournissant des espaces de travail (des locaux de répétition, des bureaux pour des activités militantes, de l’édition, de la photo, du dessin, de la couture, de la robotique, etc.), à l’année ou pour des périodes spécifiques.

On joue aux désinvoltes, mais au fond, le but, c’est d’esquisser une communauté et de se sentir un peu plus que tout seul. Même si c'est pour mieux s’entre-déchirer à la veille de l'apocalypse agroalimentaire.
 

2/ Faire que ces activités partagent avec nous une forme d'éthique.

Baratin - Ouverture ! En proposant des tarifs accessibles (entrées de prix libre à 10e max, possibilité d’assister aux concerts même si l’on manque d’argent, boissons à prix décents), en organisant des soirées mêlant les genres, et en mettant en place une propagande conquérante ne s’adressant pas uniquement au petit cercle des convaincus. GZ est de plus une structure participative : les gens qui s’y rendent sont invités à s’impliquer activement dans le projet. Certains imprudents ayant accidentellement passé un coup de serpillère se sont retrouvés enrôlés à vie. Le processus d’initiation peut sembler long et énigmatique, mais on essaie de s’améliorer.

Censure - Exigence ! La programmation s’élabore sans contraintes commerciales. Ça peut sembler un peu naïf ou faussement revendicatif, mais pouvoir se regarder dans une glace après chaque soirée est un luxe que peu de lieux peuvent économiquement se permettre. On programme ce qu’on aime, et comme on a tous des goûts assez différents, on espère que le résultat n’est pas trop snob ni sectaire. Au delà des choix esthétiques, on entend défendre des cultures s’inscrivant en dehors des logiques de profit et selon les démarches fulgurantes, d'entraide et autonomisantes du faire soi-même (DoItYourself).

Laxisme - Bienveillance ! Refus de prendre le public pour des vaches à lait ou pour des psychopathes : pas de sortie définitive, pas de service de sécurité privé, droit d’amener ses boissons, confiance dans la responsabilité de chacun. On ne nie pas les risques, mais les règles infantilisantes imposées par la plupart des lieux de sortie nocturne oublient la distinction entre le nécessaire et l’absurde.
  

3/ S’organiser ensemble sur la base d’une critique tâtonnante mais coriace de nos pratiques.

Spontanément, et parfois même de manière réfléchie, nous nous sommes imposés des limites à ne pas franchir. Ces préceptes répondent à notre crainte de devenir une institution figée, de reproduire des formes d'organisations hiérarchisées, égocentrées et résignées.C'est pourquoi nous visons un fonctionnement où le poids décisionnel de chacun serait à la mesure de son investissement plutôt qu'une structure scindée arbitrairement entre chefs et exécutants, même si le résultat est encore un peu bordélique.

Nous avons aussi toujours (sauf très rares exceptions) tourné, et à tous les niveaux, à partir du bénévolat. Pourtant il nous faut bien reconnaître qu'au delà d'un fonctionnement collectif bisounours idéalisé, le maintien du projet global a souvent reposé sur une petite poignée de gens devant y passer 50h par semaine. C'est pourquoi nous nous remettons constamment en question, en cherchant encore aujourd'hui de meilleures manières de gérer entre nous le partage des initiatives et des responsabilités.

Nous choisissons également l’anonymat dans nos communications, afin de ne pas réduire toute une équipe à quelques beaux parleurs. Nous refusons d’acheter des encarts publicitaires : si un média veut parler de nous, ce ne sera pas contre de l’argent. Nous ne mettons en place aucun partenariat commercial : nous somme bien embarassés devant la manie contemporaine de mélanger culture et placement de produit, transcendance et insignifiance, évènement-trop-cool et marque de boisson énergisante. Tout ça présenté comme inéluctable, puisque “il faut bien prendre l’argent là où il est”.

Nous sommes conscients d’à peine effleurer les raisons qui nous poussent à être si têtus. Creuser ces questions devra aussi faire partie du futur de GZ, car on se rend bien compte qu’au bout de 9 ans nous risquons de nous encrouter à notre façon.

Grrrnd Zero, comme d’autres lieux le font ailleurs, cherche donc encore sa place dans les interstices de la vision purement gestionnaire de la politique, où toute orientation concernant l’organisation de la vie publique devrait toujours être décidée par des Experts. Chemin faisant, nous avons traversé plusieurs phases : squat, obtention de lieux appartenant aux pouvoirs publics, refus de quitter des locaux laborieusement gagnés et aménagés, négociations avec les services municipaux, collaborations avec d’autres équipements culturels.

En cette rentrée 2013, où en sommes-nous?


Présent

pastequeEn bout de course d'un scénario tragicomique, jalonné de tentatives de nous faire partir prématurément, nous avons fini par quitter le 40 rue Pré Gaudry, base principale de GZ pendant six ans sur le fil d'une convention d'occupation éternellement temporaire.

L'immeuble, ainsi que tout le quartier, est livré par le Grand Lyon à l'aménageur privé la SERL, chargé de mettre en application le plan de la "Zone d'Aménagement Concertée" dite des Girondins. On imagine déjà du propre, de l’agréable et du bien rangé. En condition impérative à notre départ du précédent lieu, nous avons négocié avec la municipalité la mise à disposition d'un autre bâtiment inutilisé, appartenant lui aussi au Grand Lyon. Un espace vide pour le moment inexploitable qui aurait pu a priori sonner comme un déclassement On passe effectivement d'un lieu retapé pendant des années à une friche sans électricité, sans eau, et même, euh, sans murs.

Nous avons évidemment refusé de troquer une situation de fragilité contre une autre, et avons convenu avec la mairie de Lyon que les travaux de remise en l'état du nouveau lieu soient en grande partie financés par elle, tandis que notre collectif assurera tous les choix, le suivi et une partie de la réalisation des travaux. Il ne s'agit pas de nous construire un parcours de golf indoor 46 trous sur un budget extensible à l'infini, mais simplement d'avoir de l'eau, de l'élec, des murs, et un toit qui ne s'effondre sur personne.


Précipice 

L’obtention de cet accord concrétise des années d’engagement et de rapport de force. Nous allons donc occuper le 60 avenue de Bohlen, à Vaulx-en-Velin, pour les 5 prochaines années. Top 5 Bohlen, une destination surprise pour vacances souveraines :

  • 500m2 de bureaux, 1500m2 de hangar et plein de verdure entre.
  • desservi par les transports en commun (14 minutes en métro d’Hotel de Ville, 20 de Saxe Gambetta).
  • a priori peu de soucis de nuisances sonores dans le voisinage immédiat.
  • pas de loyer, et donc possibilité de maintenir nos conditions d'accueil Soleil-Sourire.
  • l’espace est brut, donc transformable et adaptable à nos envies. Nous avons cinq ans pour développer une bonne salle de concert, mais aussi pourquoi pas un cinéma, une cantine, un théâtre, un studio d’enregistrement, un complexe bricolage-réparation-hacking, une école DIY, une imprimerie 2D/3D, un sauna en zéro-gravité, etc.

Devant nous s'ouvrent donc une dizaine de mois de maturation et de travaux intensifs, pour que notre future base serve de parapluie existentiel à toujours plus de monde. Pour l’instant, le projet est à un stade embryonnaire et il est difficile de dire précisément si on aura besoin de quatre plombiers ou de 500 jardiniers amateurs, et à quel jour exact. On pense sortir une jolie frise théorique bientôt.

Ce qui est sûr c’est qu’on aura besoin de dons, que ce soit d’outils, de matériaux, de mobilier, etc. On organisera des collectes à grande échelle, la liste des besoins et modalités à voir sous peu. Et puis ce chantier connaîtra de grandes phases de sueur collective où on pourra se regrouper à coup de barbecue, avec plein de monde en train d’aider à peindre, désherber, monter des murs ou creuser un abri antiatomique.


Rejoins la cause

paincake

Tu sais tenir un rouleau de scotch sans te blesser ? Tu connais la Loi ? Tu sais y faire niveau budget, administration, assurance, permis et licences en tout genre ? Tu t’y connais en plomberie, électricité, isolation, menuiserie, maçonnerie, ou métallurgie ? Tu as des bons plans récup ? Tu t’y connais en lumières, en sonorisation et en câblasse ? Tu sais tenir une caméra et un micro ? Tu aimes cuisiner ? Tu dessines ? Tu sais écrire, gérer un site web ? Tu sais parler plein de langues? Tu sais faire des cocktails cheap ?

*** Pour participer à GZ, va voir par là ! ****

Lettre ouverte à Gérard


 Cher président du Grand Lyon, cher maire de Lyon.

Nous, Grrrnd Zero, activistes depuis bientôt 10 ans dans cette ville pour y défendre une horde de cultures alternatives, sommes au bout du rouleau.

Avant que tes services ne ferment notre ancien QG de Gerland, Grnd Zero c’était plus de cent concerts par an, des locaux de répétition accueillant une cinquantaine de groupes, des résidences, des bureaux pour des activités militantes, de l’édition, de la photo, du dessin, de la robotique…
Il y a un an, nous quittions en souplesse cette place forte sur la garantie d’un nouveau lieu,  situé au 60 av. de Bohlen à Vaulx en Velin. Grrrnd Gerland était sensé être détuit dans les jours suivant notre départ, il est pourtant toujours debout, désespérément vide.

Mais le plus gros problème n’est pas là : notre relogement, supposément négocié et garanti par tes administrations, intégré à ton programme électoral, localisé sur ton nouveau territoire Métropolitain, impliquant des travaux de rénovation financés par tes subventions, n’existe toujours pas.
Nous avons pourtant multiplié les réunions avec une infinité de services, produit tous les éléments, études, plans et budgets nécessaires au démarrage des travaux, puis élaboré un chantier collaboratif qui n’attend plus qu’une convention officielle pour se déployer. Cette convention, d’abord prévue en septembre 2013, s’est vue repoussée au mois d’octobre, puis novembre, et puis et puis, jusqu’à aujourd’hui.

Récemment, le Grand Lyon nous a rendu visite. Au moment précis où l’on osait penser que tout allait enfin se mettre en place, ON NOUS DEMANDE DE RENDRE LES CLEFS. On réalise que les services fonciers de la Ville et du Grand Lyon découvrent tout juste le dossier, avouant par là l’inutilité d’une année visiblement passée à négocier dans le vent. Grosse épidémie d’amnésie dans les locaux de la mairie.  

On nous fait comprendre que GZ n’est pas prioritaire sur ces locaux à “revaloriser”. Qu'en vérité le Grand Lyon souhaite surtout louer à d'autres et à prix fort les m² que GZ n’utilisera pas. Qu’il faudra pour cela engager des travaux d’aménagement colossaux qui retarderaient encore notre installation.
En gros, la possibilité et la durée de notre présence à Bohlen serait conditionnée par celle de colocataires plus lucratifs, comme si cette friche industrielle en ruine depuis des années était soudain devenue un enjeu économique démentiel pour le Grand Lyon. Tout ça en attendant une énième expulsion (dans 3 ans, 5 ans, 7 ans ?), cette fois justifiée par un hypothétique projet de parc d’attractions programmé pour le siècle prochain.

Cher Gérard, comment un projet de relogement à priori victorieux a-t-il pu mener à un tel naufrage ?

Nos revendications sont simples :

  • régularisation immédiate de la présence de Grrrnd Zero au 60 avenue de Bohlen.
  • bail d’au minimum 5 ans à la signature, renouvelable.
  • allocation gratuite de la friche.

Et oui, un bâtiment public abandonné utilisé par des projets non-marchands ne devrait pas requérir de loyer. On ne veut pas non plus d’un montage où la Ville de Lyon paierait le Grand Lyon : tes administrés n'ont pas à subir le partage de compétences saugrenu entre tes collectivités territoriales. Les municipalités se trouvent dépossédées des bâtiments publics de leurs territoires par le Grand Lyon, qui gère la quasi-totalité du foncier tout en négligeant les initiatives culturelles ou sociales de proximité.

Nous ne doutons pas que ton amour indéfectible des cultures ündergründ saura te faire prendre ces décisions politiques. Dans le cas contraire, nous comprendrons que tu regrettes en fait secrètement notre départ de Lyon et espères que nous nous réinstallions en centre-ville. Peut-être même as-tu sous le coude d’autres bâtiments vides que tu n’as pas eu la liberté juridique de nous soumettre. Ne t’en fais pas, s'il le faut, ces bâtiments nous les trouverons, et les occuperons volontiers en ton nom.

Bisous Bisous

Grrrnd Zero

 

affiche portrait gerardweb 68efa

 

Poker Face : vaille que vaille, travaux dans 1 mois

En bout de wagon du monde hypermobile on s'est bien enkysté dans nos histoires de négociations avec la Ville. A chaque fois que ça bloque on vomit une newsletter bourrée de blagues animées ou de néologismes à faire mourir des dictionnaires.
Cette fois-ci l’auteur de ce texte échappe au grinder postmoderne de notre directoire du style et a le droit à des explications détaillées.

Pour les plus pressés d'entre vous :
10 mois à attendre une convention + blocage inter-services injustifiable => on ouvre les travaux dans moins d’un mois, convention ou pas.


Bon oké, 11 mois de retro-plannings à l'état gazeux et d'exposition à un niveau de langue de bois hors concours n'auront finalement pas encore enclenché la liquéfaction de nos cerveaux. Depuis avril dernier et 12 newsletters outrées plus tard, on se dit par contre qu'on a bien dû en perdre quelques-uns d'entre vous dans le combo de scandales faits au sens commun qu'est cette histoire des négociations GZ-Ville de Lyon.

Le récit de notre état de consternation cyclique vous a sûrement déprimé. Certains se demandent si on est pas devenu des êtres moralement et physiquement ratatinés derrière un bureau envahi de miettes de nachos et psalmodiant sur la construction d'un lieu imaginaire.

Erreur.

D'abord, et tout part de là, ce lieu existe bel et bien.

Bel et bien 5ede9

 

Il est immense.

Immense 1f31c

 

ll y a beaucoup à faire.

Mauvaise bd2a3

 

Nous l'avons pour plusieurs années.

Plusieurs annes 2bd3d

 (photos Romain Etienne)

L'idée est d'y établir une superposition d'activités censée nous permettre de nous transformer de quidams isolés et impuissants en super-communauté polyvalente. Le champ est imprécis et infini, tandis que des premières pistes commencent déjà sérieusement à nous faire baver. Notre texte de rentrée "Tremplin en Amiante et Parachute Doré" énumérait en pagaille : une salle polyvalente tournée vers des ateliers, des bouffes ou des projections ouvertes au public, un atelier de conception/fabrication/construction dit fablab, un atelier de sérigraphie, un espace de réunion partageable… Et à terme une salle de concert modulable et des locaux de répétition.
Tandis que se poursuit avec la Ville de Lyon une sorte d'intrigue digne des meilleures parties de Cluedo, ces réjouissantes perspectives se précisent, et du travail de fond sur la façon de construire mais aussi de peupler le lieu avance.


 Pour rappel : GZ a négocié les conditions d'occupation du 60 Av de Bohlen à Vaulx-en-Velin en avril 2013.

Ensuite : chaque étape des négociations a un peu plus confirmé l'hypothèse que, dans ce plan de relogement/construction, l'essentiel des responsabilités et des initiatives étaient renvoyées sur GZ. Mais hey, dans le fond ça nous convient très bien, que l'on bricole le lieu selon notre propre programme, les mains dans l'amiante, sans devoir à d'anonymes techniciens la taille des pièces ou le choix des couleurs.
On a donc conduit tout le boulot de défrichage pour analyser l'état du bâtiment, écrit tout un programme de travaux pour sa transformation, dû composer avec un budget d'investissement finalement indisponible d'un seul bloc, et on se retrouve même à rédiger nous même un brouillon de convention d'occupation pour faire avancer l’écriture d'un document qu'on attend depuis, allez, 9 mois. Un travail souterrain qu’on aurait aussi dû raconter depuis la fermeture de Brossette. Non nous ne somme pas que des naïfs végétant dans l'attente d'un miracle.

Erreur 2 donc.

Bref tout ça nous conviendrait si les équipes de la Ville de Lyon identifiaient clairement leur part résiduelle de boulot.
Ce minimum à faire, que l'on formule pourtant sans ambiguïté comme revendication depuis 9 ans, c'est la possibilité pour GZ de disposer gratuitement d'un lieu propriété publique, inutilisé et exploitable. Pas plus.
Il y a 11 mois la Ville de Lyon a choisi, plutôt, de nous laisser un bâtiment inopérationnel : bof. Elle a ensuite reconnu (partiellement puisque le budget est aussi étriqué que la proportion de logements sociaux à Neuilly-sur-Seine) qu'elle devait en contrepartie prendre en charge le coût des travaux de remise en l'état : yep. Enfin, la Ville et le Grand Lyon nous laissent la mise en œuvre des travaux et toutes les responsabilités satellites : banco.

On a donc finalement choisi de résumer nos négociations par une consigne simplifiée : budget travaux respecté + convention de mise a disposition signée.
En 11 mois, les équipes de la Ville auront avancé en biais sur le premier point, et rien produit de solide sur le second. Voilà pour un résumé.


 On aimerait pouvoir ignorer l'ironie grinçante de cette situation si seulement elle n'en arrivait pas aujourd’hui à un certain point d'absurdité. Où, pour faire simple, nous ne pouvons concrètement pas entamer les travaux de rénovation de notre futur lieu parce que ceux qui nous ont abandonné cette responsabilité n'ont pas signé un papier dont le contenu a été négocié il y a pourtant près d'un an.
Bzzzzzzz, blip blip blip, erreur 404.

On a aussi récemment appris que le Grand Lyon voudrait (ou voulait?) que la Ville de Lyon lui verse un loyer pour la mise à disposition de Bohlen, pourtant abandonné et inutilisable en l’état. Dire qu’il y a un an on nous garantissait, bravache, la gratuité du lieu et les bonnes dispositions du propriétaire. On vous laisse goûter à cette puissante contradiction, et apprécier en quoi elle va complètement à l’encontre de ce qu’on défend : l'utilisation gratuite de locaux abandonnés par un projet non marchand, et pas un tel gâchis d’argent public qui devrait pourtant pouvoir servir à bien d’autres.
Ce désaccord interne aux services ralentirait depuis un an tout le reste de la machine. On attend confirmation d’un dénouement rapide et acceptable. A suivre donc, mais en attendant, le cours didactique sur l'inintelligibilité du travail des pouvoirs publics continue.

Même en se basant là dessus, on doit quand même essayer de trouver de quoi aller de l'avant.
Notre prochaine étape, c'est le début des travaux : on a donc décidé de déposer maintenant diverses demandes d'autorisations de chantier qui devraient lever les derniers obstacles au début de la reconversion de Bohlen. Tous les obstacles sauf un donc, celui de la signature du propriétaire.
Dans un mois, on sera fin prêt et gonflé à bloc pour poser les premières pierres de GZ Bohlen. Si la Ville n’est pas fichue de fêter l'anniversaire de son année de retard sans avoir débloqué notre convention, on commencera les aménagements quand même et en dehors du cadre réglementaire. Et peut-être même qu'on y fera pas que du bricolage. Si on nous en empêche, tout sera bien plus clair. Tenez vous prêts.
  

Grrrnd Zero dans l'émission Grain de Sable sur Radio Canut @ 102.2 FM

illustration emission grain de sable 5e23c

  
Ep, une petite brêve pour mettre à dispo l'enregistrement de notre passage du 09/01/14 dans l'émission Grain de Sable, sur Radio Canut. Une petite heure d'intervention maladroite sur l'histoire (approximative) du collectif Grrrnd Zero, sur l'ambiguité de nos rapports aux pouvoirs locaux institués, et sur les possibilités ouvertes par le lieu à venir à Vaulx-en-Velin.

http://blogs.radiocanut.org/grainsdesable/files/2014/01/GrrrdZero_9_1_2014.mp3

  Merci encore à l'équipe de l'émission pour leur acceuil.


Blog de Grain de Sable avec des archives de leurs précidentes émissions.

Site web de Radio Canut.

A LA UNE