Bereket Mengisteab, l'homme aux 250 chansons, le berger au krar* sautillant, est né en Érythrée à la fin des années 1930, quand celle-ci était encore une province éthiopienne colonisée par l'Italie fasciste.
Conscient qu'il ne voulait pas passer sa vie à traire des brebis shootées au qat**, Bekeret descendit à la capitale Addis Abeba et intégra le prestigieux Haile Selassie Theater Orchestra (même qu'ils ont joué aux JO de Mexico en 1966). Puis un jour, son horoscope lui prédit du gros rififi politique, alors il abandonna tout et rentra au bercail pour s'engager au Front de Libération de l’Érythrée. La même année, en 1974, Haile Selassie fut étouffé sous un oreiller ou un truc comme ça par les hommes du lieutenant colonel Mengistu, au grand dam des rastamen de tous pays.
N'importe quel amateur des Ethiopiques, d'Omar Souleyman, ou même de la psych-pop-tropicale qui se répand depuis quelques années désirera le faire chanter à son mariage.
Pour le trouver, il faut se rendre à Asmara, capitale de l’Érythrée indépendante où il continue de composer des chansons, tout en s'occupant de sa coupe afro vieillissante et de son magasin de musique sur Babylon Square.
*un genre de lyre à cinq cordes