Secret Mommy, de son vrai nom Andy Dixon, réside à Vancouver.
En attendant la mort, il compose de la musique électronique basée sur la manipulation de sons organiques. Il gère aussi son propre label, ache. Dans ses deux premiers albums, il tronçonnait sauvagement des voix de popstars (Beyoncé, Shania Twain, Mary J Blidge...) et les juxtaposaient avec des samples de grenouilles, de respiration humaine, d'outils traînant dans un cabinet de dentiste... Pour Very rec, la plupart des sons provenaient de terrains de jeux (bruits de balancoire, d'un bras effleurant l'eau d'une piscine, de balle percutant une raquette de tennis...).
On pourrait craindre un résultat un peu austère, mais la recherche sonore n'est pas son seul centre d'intérêt. C'est aussi un fan de pop, il ne peut pas se retenir d'étaler des mélodies délicieuses et/ou idiotes dans ses morceaux hachés, sautillants, bourrés de coupures rythmiques. Côté références, on pourrait aligner Dat Politics, Mouse on Mars quand ils étaient très bons, à l'époque de Niun Niggung, ou un Aphex Twin heureux de vivre.
Jusqu'à maintenant, ses albums étaient décents, contenaient une poignée de tubes, mais on ne pouvait pas non plus hurler au chef d'oeuvre en lui embrassant le nombril. Beaucoup d'espoirs étaient cependant misés sur monsieur Dixon, car peu avant Very Rec, il avait commis le maxi Hawaii 5.0. Le genre de merveille délicate qui stimule des petites piqures de plaisir de la troisième cervicale à la vertèbre dorsale numéro onze. Fondés sur des samples de musique hawaïenne et de fruits tropicaux mâchés avec voracité, ces cinq titres auront une belle place au paradis de l'électro pop déviante.
La grande nouvelle, c'est que Plays, son quatrième album, est aussi bon qu'Hawaii.
Il a invité tous ses amis à venir jouer dans son studio (des membres de They shoot horses, The Winks, The Doers...). Il avait consciencieusement écrit des parties pour tout le monde, mais leur absence flagrante de discipline a débouché sur un tas massif d'improvisations. La seule règle à respecter : faire un album électronique sans aucun son synthétique (pas de boite à rythme, pas de synthétiseur, rien d'électrifié en fait). Guitares sèches, violon, cuivres, instruments à vent, ukulélé et percussions deviennent la matière première qu'il continue à couper/coller/malaxer avec énergie. Un tel traitement numérique d'instruments accoustiques ne peut que rappeler The Books. Secret Mommy chante même de temps en temps (notamment sur le scotchant Kool Aid River, porté par une ligne de chant émo “mettre du gel dans mes cheveux me donne des orgasmes” du plus bel effet). Ecoutez le, donnez lui votre argent, c'est une des plutôt rares personnes à faire de la musique électronique intéressante aujourd'hui.
secret mommy - kool aid river.mp3
secret mommy - to burry a tent.mp3
acheter un de ses disques
le clip de Kool Aid River réalisé avec trois dollars canadiens par Andy Dixon: