dead c

Parmi les albums de la scène indé 80/90's, on trouve parfois, au milieu de morceaux à priori écrits et structurés suivant l'air de rien cette convention tacite et très occidentale du couplet-refrain, des avortons moins définissables. Notre incapacité à se satisfaire simplement de cette chose merveilleuse qu'est le bruit est assez mystérieuse. J'ai toujours été fasciné par les quelques morceaux perdus sur un disque, côtoyant de «vraies chansons», où les notions de mélodie et de structure sont abandonnées au profit d'un mode d'expression sonore brut, quitte à ne plus parler de musique. Je n'évoque évidemment pas les groupes appartenant à des scènes purement expérimentales ou improvisées, qui par définition se défont de toute structure «pop», mais bien des quelques divagations de groupes a priori accessibles.

Deux exemples – peut-être pas les meilleurs :

Sonic Youth - In the Kingdom 19

June Of 44 - Pale Horse Sailor

 

The Dead C me donne véritablement l'impression d'un groupe de pop (ouais bon, je sais...), qui dès ses débuts se serait mis à se laisser aller à des improvisations bruitistes plus souvent que la normale, bien plus souvent, quasiment tout le temps en fait. De la musique faite avant tout pour ceux qui la jouent, sans aucun compromis, que ce soit dans les compositions ou dans l'agencement étrange des morceaux au sein d'un album, sans aucune nécessité de satisfaire un quelconque auditeur type, une démarche louable en somme. 

Eusa Kills (Flying Nun, 1989) commence par Scarey Nest, qu'on jurerait tiré des premiers Dinosaur Jr, impression immédiate dans le cerveau, et tu te retrouves à la siffler l'après-midi même. La magie du truc c'est que ça n'arrive qu'une seule fois dans ce disque, tu ne sais pas pourquoi ils l'ont foutu là, en ouverture, tout ce qui suit est décharné à l'extrême, parfois même le rythme qui est le seul truc à quoi pouvoir se raccrocher n'est même plus un rythme mais seulement des coups aléatoires sur des fûts. Leur musique est faite pour être jouée de manière décousue, aucun doute sur le fait que ces types sont mille fois capables de sortir des tubes à la chaîne, ça ne doit seulement pas les intéresser. La démarche est autre, et le plaisir que l'on en tire est complètement différent : jouir d'un buzz de guitare qui résonne, de marmonnages approximatifs, écouter se former des sons produits par des instruments amplifiés à haut volume, des parasites, des paradoxes. Tout ce que tout bon ingénieur du son se tue à éliminer constitue tout ce qu'il y a à écouter dans ces disques.

 

Je n'ai même pas encore écouté la totalité de leur discographie - et pour cause, c'est conséquent -, mais c'était nécessaire que je parle d'eux, pire qu'une envie de pisser.

 

Voici quelques morceaux :

The Dead C - Children

The Dead C - Alien to Be

The Dead C - Scarey Nest

The Dead C - Baseheart

The Deac C - Max Harris

 

Plusieurs albums ont été réédités sur Ba Da Bing.

 

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