En mai 2008, il est urgent de se questionner sur les fondements de nos institutions politiques et ce notamment pour deux raisons : 40 ans après mai 68 il faut comprendre pourquoi le sarkozysme refuse son héritage ; un an après l’investiture de Sarkozy il faut comprendre pourquoi on le hait, pourquoi la plupart des Français ont changé de point de vue, pourquoi ceux-là, les mécontents, ne voient plus en lui leur père, leur guide, leur protecteur ! Tout d’abord, pourquoi Sarkozy veut-il liquider l’héritage de mai 68 ? Il prétend que 68 est responsable de « l'idée que tout se vaut, qu'il n'y a donc désormais aucune différence entre le bien et le mal, aucune différence entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. » Ces vilains gauchos « ont cherché à faire croire que l'élève valait le maître [...], que la victime comptait moins que le délinquant. »
Mai 68 c’est la fin des valeurs et de la hiérarchie pour Sarkozy, l’impossibilité donc pour lui de s’imposer comme guide ! Pourtant, je ne vois là que mauvaise foi. Mr Sarkozy a profité de l’héritage de mai 68 et ce qu’il lui reproche avant tout, c’est bien plus l’idée d’intérêt commun, l’idée de politique, l’idée d’intérêt général. Mai 68, c’est plusieurs choses, c’est l’idée de rassemblement, de « on combat tous ensemble, tous unis, mais tous en vue de soi » ; ça Sarkozy le refuse ; mais c’est aussi la révolution sexuelle, le renforcement du matérialisme (qui dit révolution sexuelle dit allez les filles on écarte les jambes), c’est aussi paradoxalement la montée de l’individualisme (on a tous droit au bonheur, on a tous droit de consommer), c’est aussi la haine des valeurs morales et donc la haine de la charité, c’est la légitimation accrue de l’idée de plaisir ; or qu’a proposé Mr Sarkozy en parlant de pouvoir d’achat, si ce n’est la satisfaction des besoins les plus individualistes et les plus hédonistes auxquels les hommes sont soumis ?
Ce qui effraie le sarkozysme dans Mai 68 c’est la politisation de la masse, c’est tout ; l’héritage de Mai 68, il en a profité jusqu’au bout, et c’est pour mieux cacher ce qu’il veut et d’où il vient que notre bien aimé président dégaine contre un fait qui n’est qu’historique, que passé ! Sarkozy a usé de l’individualisme des Français et a prétendu que c’était là une politisation des Français ; la politique c’est la réflexion sur l’intérêt commun ; voter pour Sarkozy, c’était rêver de travailler plus pour consommer plus, c’était rêver d’une vie de confort, ce n’était pas un acte politique, c’était, et on est là au comble du paradoxe, un acte éminemment individualiste.

Aujourd’hui, les Français mécontents reprochent à Sarkozy de ne pas avoir augmenté le pouvoir d’achat, non pas de virer par milliers de pauvres sans-papiers, non pas d’insulter les gens lors de ses sorties, non pas ses étranges magouilles avec la Chine, avec Bush ou encore avec Khadafi, non pas de croire que le suicide, l’homosexualité, la délinquance sont des phénomènes génétiques, non pas de fricoter avec cette vilaine (oui elle m’a blessé cette dame!) Christine Boutin qui a soutenu que " toutes les civilisations qui ont reconnu et justifié l’homosexualité comme un mode de vie normal ont connu la décadence " et dont les amis, lors de la manifestation anti-PaCS du 31 janvier 1999, ont réclamé que l’on envoie "les pédés au bûcher », non ! Non car beaucoup s’en fichent du moment où ils peuvent consommer plus . L’Etat ne fait plus de politique, avec Sarkozy, l’Etat répond à la libido sentiendi du peuple français, à son désir sensuel au sens large; le président de tous les Français ne se veut pas le représentant de la volonté commune (de tous, pour tous, en vue de tous) mais le père ramenant les vivres pour se nourrir, ramenant des cadeaux, travaillant pour la satisfaction des désirs de chacun (et non de tous puisque quand on tente de satisfaire les intérêts particuliers, on démantèle l’idée de nation, de communauté et l’on ne vise plus l’intérêt général qui, aux termes de sa satisfaction , permet le plein épanouissement de tous, mais l’on se contente de satisfaire les désirs immédiats, bas, ceux érigés en maîtres par le principe d’individuation et la libido).

Mr Sarkozy n’est pas le coupable, il est le symptôme d’une société qui se désagrège, d’une société proprement libérale où chaque individu pense à soi en dépit des autres et non plus à soi en compagnie des autres
; Mr Sarkozy est le symptôme du dépérissement de la démocratie de type représentatif, qui à son terme s’achève toujours en un repli individualiste et en la mort du politique. Déjà Rousseau, dans Le Contrat Social III,15 craignait que la démocratie parlementaire de type représentatif conduise à un repli individualiste : « Sitôt que le service public cesse d’être la principale affaire des citoyens, et qu’ils aiment mieux servir de leur bourse que de leur personne, l’Etat est près de sa ruine. (…) faut-il aller au conseil ? ils nomment des députés et restent chez eux. A force de paresse et d’argent ils ont enfin des soldats pour asservir la patrie et des représentants pour la vendre. C’est le tracas du commerce et des arts, c’est l’avide intérêt du gain, c’est la mollesse et l’amour des commodités, qui changent les services personnels en argent. (…) Sitôt que quelqu’un dit des affaires de l’Etat: que m’importe ? on doit compter que l’Etat est perdu. » En délégant le pouvoir souverain et politique à des représentants, les citoyens ont vidé de leurs sens les notions mêmes de politique et de volonté générale.

Entre 1835 et 1840 déjà, Alexis de Tocqueville pensait la possible transformation de la démocratie représentative républicaine en un nouveau type de despotisme ; dans De la démocratie en Amérique II, IV, VI, il révélait que le danger provient de la passion de l’idéologie démocratique pour l’égalité, qui exacerbe le souci du bien-être et permet le repli de l’individu sur lui-même et sur ses petits désirs égoïstes au détriment de son engagement dans les affaires politiques et publiques et en dépit de sa propre liberté. L’égalité constitue le socle de la liberté personnelle, mais l’égalitarisme abusif uniformise les individus, leurs désirs, leurs attentes, et rien n’est moins difficile, dans ce cas, que de les satisfaire, de les endormir en les satisfaisant. Un nouveau despotisme est alors possible, celui qui endort en donnant. Il écrit à ce propos : « je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres (…). Au dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. » Il travaille à leur bonheur, lui seul ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit leurs besoins, « règle leurs successions, divise leurs héritages ». C’est ainsi qu’il rend moins utile l’usage de la pensée, de la faculté de prévoir, et surtout l’usage de sa liberté ; c’est ainsi qu’il infantilise chacun pour mieux détruire la liberté de tous, car « il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige » . Tocqueville ne faisait là que prévoir les conséquences néfastes de l’établissement de la démocratie représentative républicaine ; il a fait là un travail de devin ; car son scénario catastrophe, c’est nous !

Alors pleurons ou alors réagissons !

Maxime PAILLOT aka Sharon TATE

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