helen money
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Alors on va tenter de résumer les choses le plus simplement du monde : Helen Money – Alison Chesley de son vrai nom – est une violoncelliste américaine qui joue toute seule, fait des boucles, bidouille avec des effets, superpose à l’envie des motifs, construit des structures non dénuées d’un certain minimalisme.
Elle a publié au moins deux disques dont In Tune, chez le très expérimental mais très recommandable Table Of The Elements. Voilà. Tout ce descriptif vous rappellera sûrement quelque chose. Et bien vous avez tort. Helen Money n’est absolument pas un énième avatar de la musique répétitive post La Monte Young/Tony Conrad. Il ne lui arrive pratiquement jamais de citer ces deux grands maîtres de la musique américaine contemporaine. Elle préfère jouer de son violoncelle avec toute l’énergie et même parfois toute la rage que d’autres mettent en œuvre pour faire vibrer une guitare. Souvent bien saturée, la guitare. Et puis surtout Helen Money nous offre une musique à la beauté singulière et intrigante.
In Tune propose ainsi un panorama sonore appréciable et éloquent, d’une richesse rarement atteinte par une musique instrumentale interprétée par une seule personne, fut-elle aidée par une armada de pédales d’effet et une loop station. On en vient à se demander fugitivement si la dame n’a pas un peu biaisé, profitant des technologies modernes d’un studio hi-tech et des facilités de pro-tools pour mettre sa musique en boite. La réponse est définitivement non : In Tune a été enregistré à Chicago dans le studio entièrement équipé en analogique d’un ingénieur du son à lunettes et obsédé par la taille et l’emplacement idéal de ses micros d’origine tchèque. Un type avec lequel il ne faut surtout pas déconner dès qu’il s’agit de qualité sonore et de son enregistrement. On comprend alors parfaitement d’où provient la sécheresse alliée à la profondeur des vibrations du violoncelle d’Helen Money. On n’hésite plus lorsque la saturation entre en jeu (MF et Waterwalk, curieusement sous haute influence PJ Harvey, In Tune, You Are Beautiful ou Political Song, ce dernier marquant la rencontre improbable entre Suicide et The Ex …).
Le violoncelle est capable des plus belles sonorités qui soient, on en est depuis longtemps persuadés, et les traitements que lui inflige Helen Money, loin de le dénaturer entièrement, le font donc passer dans une autre dimension. Tout en gardant un pied dans l’épure et la beauté originelle de sa nature profonde : Untitled, Sagrada, Too Heavy et le très beau Everything I Am Thinking sont là pour nous rappeler toute la force et la passion quasi humaines d’un instrument réputé difficile à dompter. Avec In Tune Helene Money a opéré bien plus qu’une tentative réussie de modernisation de quelques vieux schémas musicaux – que ce soit «classiques» ou «rock» ou je ne sais quoi – et n’a pas non plus uniquement pratiqué la greffe de l’un sur l’autre : il y a des jours où en fait on n’est pas très loin de penser qu’elle a découvert quelque chose.
Helen Money - You are beautiful
Helen Money - Political Song
Helen Money - Waterwalk