C'est au détour d'une réunion de notre éminente instance que j'ai appris de la voix de notre président que ce site où tu traines là maintenant reçoit rarement moins de 800 visites par jour, Quelle occasion inespérée de parler de plein de choses importantes comme la musique de jeunes, ses codes et les valeurs qu'elle est supposée transmettre.
Rien que dix ans plus tôt il aurait fallu écrire ces inepties dans un fanzine papier qui serait lu seulement par quelques trop rares initiés, et la musique, pour peu qu'on s'y intéresse vraiment et qu'on ait pu faire quelques heureuses rencontres, aurait circulé par le biais de K7 ré-enregistrées pour cause de disques introuvables ou tout simplement épuisés.
Adolescent, une de ces K7 usées m'aura permis en 1990 d'enregistrer une émission de Bernard Lenoir consacrée aux dix ans de la mort de Ian Curtis. Il y avait un invité qui possédait tous les disques de Joy Division. A l'époque, comme pratiquement tout le monde au lycée, je connaissais Joy Division mais j'étais loin d'imaginer qu'ils aient débuté comme un simple groupe de punk rock, avant d'être rattrapés par la production dark 80's.
Joy Division, c'était les t-shirt, les affiches et les cartes postales, plein de produits dérivés d'un groupe devenu mythique après la mort de son chanteur, un peu comme Bob Marley ou Jim Morrison mais en plus underground, une valeur sure, bien pratique pour se reconnaitre parmi les ados durant les années 80 et encore aujourd'hui, à la ville comme à la campagne.
Les fabricants de merchandising l'ont bien compris, le jeune est une cible de choix quand on lui propose des concepts rassurants et faciles à comprendre: la drogue c'est cool, la jeunesse emmerde le front national, se suicider à 21 ans ça déchire...
Une fois rangé des bécanes, l'ex-jeune pourra voter PS en toute bonne conscience, consommer sa vie d'adulte et pourra toujours considérer la musique comme un loisir, il pourra même dénigrer les initiatives des plus jeunes, prétextant que c'était mieux avant.
Les choses semblent parfois nous échapper, noyées dans la masse sous forme de divertissement, mêlant pratiques culturelles autonomes qui peuvent s'avérer rentables, évènements culturels institutionnalisés qui tournent à perte, contribuables dociles, bénévoles, professionnels, et enfin public. Reste à espérer que ce dernier, lassé d'être infantilisé, deviendra plus exigeant et actif à son tour, comme un juste retour des choses.
Aujourd'hui on a même droit à un film sur Ian Curtis. La seule chose qui nous sera épargnée c'est la reformation de Joy Division pour jouer en première partie de Laurent Garnier.
Au passage, un lien vers le fan-site de Warum Joe, un autre groupe moins connu bien que presque aussi vieux, et toujours en activité, qui ont joué ici en mai dernier.
Une pensée pour hamani qui vient de nous quitter, c'était le guitariste de straight to hell qui jouait en première partie de warum joe ce soir là.