Tim Hecker fait de la musique électronique. Voilà c'est dit. Il travaille avec un laptop. Mais un laptop pas chiant ni dansant. Un laptop bouillant sursaturé d'électricité, et non pas le simple moyen pour un beat pré-programmé coincé entre deux clics de souris et condamné à l'effervescence du dancefloor. Non, sa musique, en une image, c'est un mille-feuille de nappes électriques ondulant à l'infini au cœur de l'œil d'un cyclone, à la veille d'une pluie de météores massive et définitive. C'est un orage instable d'énergie noire, toujours à deux doigts de la friction finale, du trou noir atmosphérique.
On peut aussi résumer ça comme du drone mélodique. Ou de la noise de cathédrale.
Tim Hecker - Whitecaps of White Noise I
Ça peut sembler être un point de départ débectant, le côté maniérisme chiant, mais il faut plutôt prendre ça dans le sens d'une étude précise et méthodique, un travail de laboratoire sur le chevauchement des sons, une approche quasi sismo-logique. C'est un peu comme du soundscape cellulaire, branché à même la moelle osseuse.
Aidan Backer et Tim Hecker – Phantom on a pedestal
A une époque, j'écrivais toutes mes déclarations d'amour ainsi que mes lettres de rupture sur du Tim Hecker. Ce n'était pas très efficace mais j'étais assez heureux.
Normalement il devrait jouer à Grrrnd début mai. J'espère qu'il va jouer très fort et qu'il va foudroyer de fréquences nos fragiles enveloppes comme on bombarde un cancer de neutrons, jusqu'à faire fondre toutes nos barrières corporelles et nous vaporiser dans un gulfstream de frissons émo.
On peut acheter certains de ses disques ici.