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Publication : lundi 30 mai 2011 10:56
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Écrit par un homme heureux
Certains de nos décideurs auraient tendance à penser et affirmer (confère, ne suivez pas mon regard, Notre Président à Dakar en 2007) que l'Homme africain (je savais pas qu'il n'y en avait qu'un), selon la bonne vieille tradition post-coloniale décomplexée à la française, vivrait dans un temps pré-moderne, qu'il ne serait jamais réellement entré dans l'Histoire, tout à son éternelle répétition d'un présent englué dans une tradition contraire à l'idée même du progrès.
Ouais.
La compilation Shangaan Electro, sortie voilà quelques temps déjà par le délicieux label anglais Honest Jons, représente une chouette occasion parmi d'autres de clouer le bec aux guignols racistes incapables de se représenter un horizon culturel différent de l'hégémonie occidentale en vigueur. Le peuple Shangaan, ou Tsonga, qui représente une population d'environ deux millions d'individus a historiquement vécu dans une aire s'étendant du Sud du Mozambique au Nord de l'Afrique du Sud, mais beaucoup d'entre eux vivent et travaillent aujourd'hui dans les townships de Johannesburg.
La compilation qui nous occupe regroupe et propose une sélection de morceaux produits par une figure centrale de la scène, Nozinja (qui joue également sous le nom de Dog). Producteur donc, sorcier de studio, dénicheur de talents, chanteur, s'occupant d'un label qu'on pourrait qualifier de DIY (il grave et sérigraphie lui-même ses sorties), le bonhomme a plus d'une corde à son arc.
Il suggère à travers ses productions un nouveau langage pour le shangaan en tant que genre musical : en remplaçant la guitare et la basse jouées live par les sons de synthétiseurs Casio réglés sur le preset marimba, en les calant sur des boîtes à rythmes palpitant à plus de 180bpm, il propose une musique qui déferle frénétiquement sur l'auditeur et invite à remuer son postérieur à des vitesses démentes, s'invitant dans la vague mondiale des musiques de dancefloor plus-rapide-que-moi-tu-meurs, du Kuduro au Uk Grime en passant par le Baile Funk.
La musique rappelle également par moments la fin des 70's/début des 80's à New-York, quand la pop prenait des inflexions africaines, s'appropriant le punk et le dub. On pourra penser aux productions d'Arthur Russell, ou à celles du Brian Eno et David Byrne au temps des Talking Heads, elles-mêmes fortement influencées par une écoute attentive de musique traditionnelle africaine.
Il semble que l'intense circulation des flux musicaux à l'échelle mondiale évoquée ici vienne contredire, d'une certaine manière, les théories réactionnaires évoquées en début d'article. Et il n'est finalement pas étonnant que la dance afro-futuriste Shangaan semble célébrer un certain retour à la tradition via l'usage de nouvelles technologies, et celui d'un minimalisme amplifié qui résonne à travers tous ces paysages sonores.
Le 22 juin, donc, on pourra venir se décrocher les hanches à Grnd Gerland en compagnie de Nozinja l'entremetteur et chanteur, des intrigants clowns-danseurs les Tshetsha Boys (voir vidéo), de certains des danseurs Shangaan les plus rapides et du producteur de kwaito/house et complice de Dog, DJ Spoko.
C'est pas vraiment un concert habituel pour le lieu, alors on est bien excités comme des puces de vous proposer cette date.
(largement inspiré de la chronique du disque parue dans le numéro d'août 2010 de Wire, excellent périodique anglais évoquant les musiques intellectuelles et sophistiquées. )
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Une petite démonstration de danse des Tshetsha Boys :
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L'un des gros tubes parmi les tubes de la compilation :
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La page du label concernant le disque, avec une explication de Nozinja (en anglais) : http://www.honestjons.com/label.php?pid=36711
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Publication : mardi 24 mai 2011 19:25
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Écrit par gz
Notre ami Gael explore les frontières troubles de la noise, du drone et de l’improvisation libre. En tant que musicien, d'abord : en duo avec Motherfucking , en solo avec Faux Amis, ou en collaborant à divers projets (Chora, Part Wild Horses Mane on Both Sides, Hunter Gracchus...). En plus de détériorer les oreilles de ses voisins des locaux de répétition de Grnd gerland, il gère aussi le label Zerojardins, qui vient de sortir trois chouettes disques. Les descriptions sont de Gael.
CHORA
Deuxième sortie des Londoniens de chora sur zerojardins, The Wax Heel est leur premier véritable album après plusieurs LP et des dizaines de Cd-r. Pas moins de 8 pistes pour un total de 78 minutes. Un vrai marathon sonore, une expérience musicale extrême où s'entremêlent boucles, violons sanglants, clarinettes autistes, guitares planantes, percussions arythmiques et voix en tout genres. Le tout parfaitement emballé par une magnifique peinture de Lindsay Mapes.
SUN STABBED
Sun stabbed est un duo qui s’est formé à Grenoble en 2005. Le travail de ces deux musiciens tourne autour de la guitare (qu’elle soit préparée ou non), des effets et de l’amplification.
Une base de leur musique tourne autour de l’idée de modeler un son puis de le faire évoluer en improvisant, jouant tantôt avec des masses sonores, tantôt avec des petits détails. En ce sens, ils lorgnent autant du côté des minimalistes américains que des free noisers néo-zélandais.
COMMUNE
Commune nous vient tout droit de Reims, ou bien Charleville-mézières. Moi je l’ai rencontré à Lyon. Le mardi on va à la piscine. Il y a un an, ou peut être deux, je lui ai proposé de faire un disque. Pourtant, Commune n’est pas vraiment dans la droite lignée des autres références Zerojardins, mais l’idée de faire un disque de chants m’a plu. La chanson française, j’aime pas ça. Les chansons à texte j’en écoute pas tous les jours mais Commune c’est un peu mon Brian Eno à moi, il me fait vibrer comme "Another green world". Il me fait pleurer comme Higelin & Areski au meilleur de leur forme, "Remember". Alors si comme moi vous aimez Brigitte Fontaine, Jandek et EL-G ce disque est fait pour vous.