Bien qu'aujourd'hui encore en cryostase, le webzine grrrndzero est toujours là. Il reprend des forces et pourra bientôt battre la campagne comme un fier animal béat courant après ses nouvelles passions éphémères.

La section imagerie rassemble principalement les vidéos de concert de concerts passés. Le plan est de développer un peu cette zone. Qui sait la webdoc-fiction-témoignage-interactif-big-data sur la vie quotidienne de Grrrnd Zero « Tout pour La Cause rien pour les Autres - saison 1 : Crust beer et lingerie fine » sortira peut-être un jour. Et pourquoi pas un live stream de nos sessions cuisine ou du chantier ?

On va essayer de rassembler des liens à la cool dans cette section là aussi. Des sites qu'on aime bien, des projets qu'on jalouse, des trucs à lire à notre place, des images rigolades, ce genre de choses là.  

Les archives chaos sont les archives de TOUT le site depuis les début de gz, par ordre de publication.
Quelques trucs se sont peut-être perdus entre les différentes version du web, mais sinon on archive méthodiquement et tu peux tout explorer.

 

 

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Okay







Un soir, en nettoyant le répertoire d'arrivée de mes mp3, je tombe sur un disque d'Okay, Huggable Dust.

Il est cinq heures du matin, je suis en train d'écrire à des êtres cupides tout en avalant des chips au goût étonnant (steak fumé), je suis donc un peu distrait quand je déplace l'album dans Winamp. Entre deux mails laborieux, la musique commence pourtant à s'insinuer dans mes neurones : « Ah, encore un mec qui écrit des morceaux folk/pop mignons et tristes ». Je continue à taper sur le clavier, mais une ligne de synthé à la Grandaddy détourne mon attention. Tiens, il chante comme un canard à l'agonie qui aurait le nez bouché. Ca rappelle un peu Daniel Johnston niveau timbre, mélodies et noirceur des textes. Mais si la voix est sèche et abimée, la production est toute propre toute polie, rien de lo-fi là dedans : un son clair, des arrangements minutieux, des cuivres, un piano, des petits machins électroniques... Oula mais c'est pas mal en fait. Là, je ne travaille plus du tout, j'enlève même les traces de gras sur mes doigts.

Mais qui est ce type ? Mon copain google va m'apporter quelques éléments de réponse. Okay est le projet solo de Marty Anderson. Je récolte ensuite un peu d'info brute (Huggable Dust sortira au printemps 2008), puis apprend que monsieur Anderson a des aspirations esthétiques variées (il poste des dizaines de dessins torturés sur son myspace, celui qui illustre ce post est de lui) et que sa vie personnelle n'a pas l'air très enviable (désastre affectif, maladie grave et honteuse l'empêchant de faire des tournées conséquentes).

Là j'avais écris un truc mais en fait c'était n'importe quoi donc je l'enlève.

 

Voilà quelques mp3 à écouter tard dans la nuit :

Une petite miniature pop :
Only.mp3

Son morceau épique à la flaming lips (mais avec deux accords):
Truce.mp3

Celle là aussi, douce et niaise comme un sufjan qui chante noël :

Natural.mp3

Blood on the wall





En soi, un nom pareil pourrait évoquer une kyrielle de choses abominables qu'on n'aurait pas la patience d'énumérer, mais ce serait sans compter sur le tempérament débonnaire de ce trio brooklynite.


***GENESE***


Au commencement, Courtney Shanks rencontra le batteur Miggy Littleton, vétéran de formations indie-folk-rock comme Ida, White Magic ou The Shit. Il vendait des cartons de disques au coin de sa rue:

I actually met Courtney when she dug through my crates and picked out the best shit, and I said to myself, "Who is this cool girl with great taste in music?" Within a few months she was one of my best friends.


C'est beau. D'autant que Courtney possèdait un frère, Brad, qui possèdait lui-même une grosse guitare, de grosses chemises de bûcheron et une grosse barbe rousse; Brad rejoignit finalement Littleton et sa bassiste de sœur pour écluser des bières et former BOTW.


Certains les ont nonchalamment catalogués dans le stoner rock, alors qu'il est quand même plus évident de faire le zouave sur du BOTW que sur du Kyuss. Thurston Moore, Kim Deal, Frank Black et Kim Gordon eussent-ils d'ailleurs folâtré ensemble, cela aurait à peu près donné BOTW, la filiation avec Sonic Youth – période Goo/Dirty -- et les Pixies étant une réalité axiomatique pour quiconque leur a déjà prêté l'oreille. En 2003, ils sortent un premier album éponyme aux lettres bleues qui ondulent sur un fond noir et, en 2005, ils sortent Awesomer (chez The Social Registry/Fat Cat, avec le producteur de Fiery Furnaces, Black Dice, Silver Jews) aux lettres multicolores qui ondulent sur un fond blanc.

Cette intense recherche graphique est assez analogue à leur quête d'innovation d'un album à l'autre – soit pas grand-chose, en fait. Mais d'autres détails viennent donner de l'étoffe à BOTW, telles les analyses de leurs canettes qui ont par exemple révélé des résidus de Pavement, My Bloody Valentine ou Dinosaur Jr.




Aussi, dans la catégorie sosies vocaux, la famille Shanks s'en sort plutôt bien : le timbre de Courtney fait immanquablement penser à celui de Kim Gordon, une once de lasciveté en plus, voire un détachement complet des réalités terrestres ; la voix de son imposant frère rappelle ces moments où Frank Black simulait l'aliénation du chihuahua. Ou, pour citer une auditrice éclairée, elle donne un aperçu de ce que serait « Daniel Johnston à cours de sédatifs ». Leurs chansons balayent les trois quarts du spectre émotionnel d'un humain à peu près sain – envie d'exulter, de mordre, de pleurer. Elles sont donc comme les barres Grany : elles peuvent nous accompagner partout.


Exemples :

pour contempler ses pieds : On My Mouth

pour faire de l'auto-tamponneuse : Witches Teeth

pour aller à Auchan: Security In the Neighborhoods

pour inventer une chorégraphie grotesque: Right To Lite Tonight

pour s'endormir au petit matin : Stoner Jam


En janvier dernier ils ont sorti Liferz, que certains, submergés par leur propre enthousiasme, ont qualifié de « fckn awesome, dude ». D'autres, ankylosés dans leur stoïcisme, diront qu'encore en fois BOTW ressasse ce qui se faisait déjà quand le Mur de Berlin s'effonfrait. Disons que Liferz est bien moins hardi et écorché que les précédents, comme s'il cherchait à s'adapter à des fréquences FM qui de toute façon l'ignoreront.

Ils ont un myspace un peu crado. Ils ont aussi un blogspot où Brad Shanks n'a publié qu'un article, rapide, franc et jouissif. Un peu comme eux.


BACH ET VENETIAN SNARES


Venetian Snares = breakcore master ? Pour sûr… bien que très réducteur. Si le King du joyeux drill nous a, effectivement, fourni parmi les plus beaux corpus en matière de sauvagerie et de frénésie rythmique, la subtilité de son écriture, tant mélodique qu’harmonique n’a jamais relevé du secret et des plages comme ce Vida (extrait de Huge Chrome Cylinder, 2004) ne sont qu’un exemple merveilleux de ses aptitudes dans le registre de l’élégance et du raffinement…

Venetian Snares – Vida.mp3



Lorsque j’étais au Conservatoire (et oui, ça arrive…), quelques saisons de ma vie ont été occupées à me droguer littéralement et exclusivement… à de la musique dite classique, et les deux seuls artistes appartenant à la galaxie “musique de jeunes”, trouvant grâce à mes yeux n’étaient autres qu’Aphex Twin… et Venetian Snares.
Je dois dire que mes intuitions de l’époque, une fois révolue cette période de séquestration culturelle et d’hermétisme musical, se sont précisément vérifiées grâce à l’album au nom imprononçable (Rossz Csillag Allat Szuletett) pour qui n’est pas familier du Hongrois ancien.

Sur ce manifeste, un Aaron Funk (c’est son vrai nom) mâture nous dévoilait enfin certaines clés utiles pour comprendre l’architecture souvent singulière de ses œuvres passées. Je touchais alors du doigt pourquoi, inconsciemment par le passé, il m’arrivait d’écouter un quatuor de Béla Bartok avec la même attention que certains joyaux signés par notre fiévreux Canadien. Rencontre d'univers différents (la musique classique, le folklore hongrois et l’électro-break extrême), Rossz Csillag n’en demeure pas moins une réussite syncrétique et un acte d’une portée émotionnelle inouïe à mon sens (à noter que Venetian Snares avait même appris à jouer du violon et de la trompette pour composer ce disque).

Venetian Snares - Felbomlasztott Mentokocsi.mp3

Venetian Snares - Szamár Madár.mp3

Venetian Snares - Hiszékeny.mp3



Non sans intercaler quelques Eps et Lps épileptiques dédiés à son auditoire breakcoreux, Venetian ne s’arrêtait pas en si bon chemin, nous livrant en 2007 My Downfall la suite orgasmique à ce premier essai… à l’image de ce morceau :

Venetian Snares – Integraation.mp3

Là où dans Rossz Csillag, les beat et sonorités électros enrobaient le propos comme pour le légitimer auprès des fans (qui n’auraient peut-être pas bien négocié le virage autrement…), ces “subterfuges technologiques” n’interviennent qu’avec parcimonie et s’avèrent même totalement absents sur la majorité des titres. La richesse rythmique est toujours présente… pas les beats :

Venetian Snares – Hollo Utca_2.mp3


Venetian Snares – Hollo Utca_3.mp3


Crise mystique ou élan dronesque, Venetian s’applique à nous immerger dans une cathédrale sonore avec ce Colorless que n’aurait pas renié Stockhausen (enfin j’espère…) :

Venetian Snares – Colorless.mp3

N’allez pas vous imaginer pour autant que sa venue à Lyon mobilisera quelques jeunesses locales vouées à la dévotion car en concert, c’est de bois bandé (et d’alcool fort) que se chauffe Venetian Snares : du break du break du break !




VISIONNAIRE ET TURGESCENT


Adorateurs d’expérimentations iconoclastes, nihilistes bon chic et néo-gnostiques branchés en tous genres, rappelez vous qu’à la fin des années 70, une bande de freaks londoniens armés de magnétos, synthés analogiques, guitares, basse mais aussi violon et divers cuivres faisaient (déjà) ça :

Throbbing Grisle - Dead on Arrival.mp3



Ils s’appelaient Throbbing Gristle, leurs concerts mêlaient musique et performance (projection d'images insoutenables, pornographie, uniformes et insignes nazis…), ils avaient plein de théories sur tout, leurs premières K7 audio s'intitulaient “The best of Throbbing Gristle…” et ils étaient capables de ça aussi :

Throbbing Gristle - United.mp3

Littéralement, Throbbing Gristle signifie “sexe turgescent” :

Throbbing Gristle - Five Knuckle Shuffle.mp3

Ils sont les précurseurs (parfois bien avant l’heure) de pas mal de genres musicaux (indus, post punk, cold wave, techno minimale, drone…).

Leur chanteur, Genesis P-Orridge (véritable Pape de l’industriel et philosophe tous azimuts) explique qu’au départ, son projet était de “présenter des sons complexes et non-divertissants dans une situation de culture populaire, afin de convaincre et de convertir. Nous voulions réinvestir la musique rock avec un contenu, une motivation et un risque.” Contrer l’emprise des “mass-medias” sur les individus, lutter contre toute forme de contrôle exercé par une société mercantile et dominée par le star-system en usant, précisément, de ces mêmes moyens de diffusion… tout en restant dans une démarche underground (et oui, difficile de ne pas tomber dans la contradiction).
Je n’irai pas jusqu’à détailler tous les préceptes véhiculés par P-Orridge, une simple recherche google vous renseignera copieusement sur la question.

Throbbing Gristle - Hamburger Lady.mp3

Le groupe splitte en 1981 - Genesis P-Orridge explique : “nous avons quitté un milieu envahi par des idées et des gens malsains, parce que ces gens ont choisi de ne pas comprendre ce que nous disions. C’est devenu une surenchère de provocation” - mais signe une paire d’années plus tard chez mute records À TITRE POSTHUME (!), puis se reforme en 2004. Entre temps, l’aspect physique de Genesis P-Orridge s’est progressivement modifié : une série d’opérations chirurgicales (implants mammaires, lèvres siliconées…) dans le but de gommer les différences entre sa femme et lui et d’aboutir à un genre de pandrogénie (tentative de sexualité "infinie", dépassant les genres sexuels) l’ont progressivement transformé en une créature-hybride, défiant les codes esthétiques communément acceptés.

Voici un extrait d’une interview filmée au travers duquel P.Orridge s’exprime à ce propos.




Leur site internet indique que le groupe (ce qu’il en reste) se produira fin mai au Primavera (Barcelone) et début juin à Paris (Villette Sonique)… mais c’est pas sûr encore.

CROIRE EN LA DÉCROISSANCE


En l’an 2000, Jamie Lidell est jeune, il signe chez Warp records et publie un premier essai instrumental et virtuose (Muddlin’Gear), à classer dans la catégorie électro pour public averti.



Cinq ans plus tard, ce londonien dévoile, contre toute attente, un organe hors du commun… le Grand Créateur l’a, en effet, doté d’une des voix les plus admirables depuis… allez soyons fous : Otis Redding et Marvin Gaye ! Tout, dans ses inflexions jusque dans sa façon miraculeuse de faire swinguer les lyrics “gospel” contraste avec la pâleur de son teint d’Anglais moyen. Avec l’album Multiply, paru en 2005, Lidell surprend, donc, en abordant un sévère virage soul-funk vintage : un exemple magnifique à mon sens, de savant dosage entre soul-pop acoustique et click’n’cuts électroniques (savant et populaire à la fois).
Ses performances scéniques, quant à elles, forcent le respect, Jamie s’improvisant (dans tous les sens du terme) un homme-orchestre “tout à la bouche” à la fois expérimental et spectaculaire.



Loin de suivre la tendance actuelle, le Lidell 2008 s’engouffre dans la voie de la décroissance technologique avec un dernier album (prévu pour avril 2008) rétrograde et néanmoins vertueux : un album acoustique (à peine quelques effets et il faut attendre la plage 6 pour voir apparaître les premiers sons analogiques), à contre-courant des productions du moment, où le “producteur” d’antan accède au statut d’“arrangeur”… et c’est même pas ringard ! Lidell n’y invente rien, rend hommage aux parrains du rythm’n’blues tout en parsemant l’édifice de trouvailles personnelles pour un résultat jubilatoire (désolé, ça fait un peu Télérama ce mot, mais en réalité c’est celui qui convient le mieux…).
Après plusieurs écoutes, je crois que je préfère quand même l’album précédent (je suis vraiment un accro à ses blips et breaks insolites) ce qui n’enlève rien à Jim (c’est comme ça qu’il s’appelle le dernier). On ne va pas vous inciter à aller le voler sur soulseek, déjà plus à la Fnac (mais c’est un peu risqué et il sort qu’en avril).
Écoutez ça en attendant :

07 hurricane.mp3

02 wait for me.mp3


EN MAI 2008




En mai 2008, il est urgent de se questionner sur les fondements de nos institutions politiques et ce notamment pour deux raisons : 40 ans après mai 68 il faut comprendre pourquoi le sarkozysme refuse son héritage ; un an après l’investiture de Sarkozy il faut comprendre pourquoi on le hait, pourquoi la plupart des Français ont changé de point de vue, pourquoi ceux-là, les mécontents, ne voient plus en lui leur père, leur guide, leur protecteur ! Tout d’abord, pourquoi Sarkozy veut-il liquider l’héritage de mai 68 ? Il prétend que 68 est responsable de « l'idée que tout se vaut, qu'il n'y a donc désormais aucune différence entre le bien et le mal, aucune différence entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. » Ces vilains gauchos « ont cherché à faire croire que l'élève valait le maître [...], que la victime comptait moins que le délinquant. »
Mai 68 c’est la fin des valeurs et de la hiérarchie pour Sarkozy, l’impossibilité donc pour lui de s’imposer comme guide ! Pourtant, je ne vois là que mauvaise foi. Mr Sarkozy a profité de l’héritage de mai 68 et ce qu’il lui reproche avant tout, c’est bien plus l’idée d’intérêt commun, l’idée de politique, l’idée d’intérêt général. Mai 68, c’est plusieurs choses, c’est l’idée de rassemblement, de « on combat tous ensemble, tous unis, mais tous en vue de soi » ; ça Sarkozy le refuse ; mais c’est aussi la révolution sexuelle, le renforcement du matérialisme (qui dit révolution sexuelle dit allez les filles on écarte les jambes), c’est aussi paradoxalement la montée de l’individualisme (on a tous droit au bonheur, on a tous droit de consommer), c’est aussi la haine des valeurs morales et donc la haine de la charité, c’est la légitimation accrue de l’idée de plaisir ; or qu’a proposé Mr Sarkozy en parlant de pouvoir d’achat, si ce n’est la satisfaction des besoins les plus individualistes et les plus hédonistes auxquels les hommes sont soumis ?
Ce qui effraie le sarkozysme dans Mai 68 c’est la politisation de la masse, c’est tout ; l’héritage de Mai 68, il en a profité jusqu’au bout, et c’est pour mieux cacher ce qu’il veut et d’où il vient que notre bien aimé président dégaine contre un fait qui n’est qu’historique, que passé ! Sarkozy a usé de l’individualisme des Français et a prétendu que c’était là une politisation des Français ; la politique c’est la réflexion sur l’intérêt commun ; voter pour Sarkozy, c’était rêver de travailler plus pour consommer plus, c’était rêver d’une vie de confort, ce n’était pas un acte politique, c’était, et on est là au comble du paradoxe, un acte éminemment individualiste.

Aujourd’hui, les Français mécontents reprochent à Sarkozy de ne pas avoir augmenté le pouvoir d’achat, non pas de virer par milliers de pauvres sans-papiers, non pas d’insulter les gens lors de ses sorties, non pas ses étranges magouilles avec la Chine, avec Bush ou encore avec Khadafi, non pas de croire que le suicide, l’homosexualité, la délinquance sont des phénomènes génétiques, non pas de fricoter avec cette vilaine (oui elle m’a blessé cette dame!) Christine Boutin qui a soutenu que " toutes les civilisations qui ont reconnu et justifié l’homosexualité comme un mode de vie normal ont connu la décadence " et dont les amis, lors de la manifestation anti-PaCS du 31 janvier 1999, ont réclamé que l’on envoie "les pédés au bûcher », non ! Non car beaucoup s’en fichent du moment où ils peuvent consommer plus . L’Etat ne fait plus de politique, avec Sarkozy, l’Etat répond à la libido sentiendi du peuple français, à son désir sensuel au sens large; le président de tous les Français ne se veut pas le représentant de la volonté commune (de tous, pour tous, en vue de tous) mais le père ramenant les vivres pour se nourrir, ramenant des cadeaux, travaillant pour la satisfaction des désirs de chacun (et non de tous puisque quand on tente de satisfaire les intérêts particuliers, on démantèle l’idée de nation, de communauté et l’on ne vise plus l’intérêt général qui, aux termes de sa satisfaction , permet le plein épanouissement de tous, mais l’on se contente de satisfaire les désirs immédiats, bas, ceux érigés en maîtres par le principe d’individuation et la libido).

Mr Sarkozy n’est pas le coupable, il est le symptôme d’une société qui se désagrège, d’une société proprement libérale où chaque individu pense à soi en dépit des autres et non plus à soi en compagnie des autres
; Mr Sarkozy est le symptôme du dépérissement de la démocratie de type représentatif, qui à son terme s’achève toujours en un repli individualiste et en la mort du politique. Déjà Rousseau, dans Le Contrat Social III,15 craignait que la démocratie parlementaire de type représentatif conduise à un repli individualiste : « Sitôt que le service public cesse d’être la principale affaire des citoyens, et qu’ils aiment mieux servir de leur bourse que de leur personne, l’Etat est près de sa ruine. (…) faut-il aller au conseil ? ils nomment des députés et restent chez eux. A force de paresse et d’argent ils ont enfin des soldats pour asservir la patrie et des représentants pour la vendre. C’est le tracas du commerce et des arts, c’est l’avide intérêt du gain, c’est la mollesse et l’amour des commodités, qui changent les services personnels en argent. (…) Sitôt que quelqu’un dit des affaires de l’Etat: que m’importe ? on doit compter que l’Etat est perdu. » En délégant le pouvoir souverain et politique à des représentants, les citoyens ont vidé de leurs sens les notions mêmes de politique et de volonté générale.

Entre 1835 et 1840 déjà, Alexis de Tocqueville pensait la possible transformation de la démocratie représentative républicaine en un nouveau type de despotisme ; dans De la démocratie en Amérique II, IV, VI, il révélait que le danger provient de la passion de l’idéologie démocratique pour l’égalité, qui exacerbe le souci du bien-être et permet le repli de l’individu sur lui-même et sur ses petits désirs égoïstes au détriment de son engagement dans les affaires politiques et publiques et en dépit de sa propre liberté. L’égalité constitue le socle de la liberté personnelle, mais l’égalitarisme abusif uniformise les individus, leurs désirs, leurs attentes, et rien n’est moins difficile, dans ce cas, que de les satisfaire, de les endormir en les satisfaisant. Un nouveau despotisme est alors possible, celui qui endort en donnant. Il écrit à ce propos : « je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres (…). Au dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. » Il travaille à leur bonheur, lui seul ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit leurs besoins, « règle leurs successions, divise leurs héritages ». C’est ainsi qu’il rend moins utile l’usage de la pensée, de la faculté de prévoir, et surtout l’usage de sa liberté ; c’est ainsi qu’il infantilise chacun pour mieux détruire la liberté de tous, car « il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige » . Tocqueville ne faisait là que prévoir les conséquences néfastes de l’établissement de la démocratie représentative républicaine ; il a fait là un travail de devin ; car son scénario catastrophe, c’est nous !

Alors pleurons ou alors réagissons !

Maxime PAILLOT aka Sharon TATE

You love me do something.




Dans la famille compositeur génial qui arrive à un âge avancé et galère encore pour payer la note d'électricité, je voudrais Robert Stevie Moore.
A 56 ans, ce multi-instrumentiste criminellement sous exposé est égal à mes yeux à Brian Wilson en terme de génie. D'ailleurs Ariel Pink, The Residents, XTC, Apple in Stereo, Guided By Voices, David Shrigley, Jad Fair et moi-même, on serait d'accord pour lui ériger une statue.
Alors qu'est-ce qui fait que ce monsieur n'a jamais officiellement été sacré grand-père du home-recording? Est-ce le côté journal intime de ses enregistrements ou sa diarrhée productrice (près de QUATRE CENT ALBUMS - dont beaucoup sont des doubles albums - enregistrés de 1968 à aujourd'hui)? Est-ce que ce catalogue impressionnant finit par intimider ou par épuiser?


Je sais de sources sûres que R. S. Moore n'aurait pas été contre un peu plus d'attention et de tendresse à son égard durant ces 30 années passées à enregistrer le soir après le boulot, réaliser des vidéos, administrer son site et envoyer ses cassettes à ses quelques fans. "Je dois m'occuper des pochettes, graver, copier, dupliquer, envoyer... j'ai besoin d'aide pour tout ça. Je suis fatigué de faire chaque petit pas seul."

Est-ce son sens de l'humour? Est-ce l'expérimentalisme fourre-tout, les changements abrupts, le côté pop-cut-up ludique? Pourtant ce n'est pas pour me déplaire, et certains groupes qu'on adore aujourd'hui ne s'en privent pas...





Ou bien est-ce tout simplement parce que R. Stevie Moore n'a jamais voulu se résoudre à réduire le champ de ses possibilités en terme de style? Car c'est vrai, Moore court-circuite à sa manière la notion de genre musical et on pense à tellement de choses en l'écoutant que c'en est parfois déroutant. Il décrit lui-même sa musique allant "de mélodique à variée à expérimentale à traditionnelle à illimitée". "Je joue tellement de styles différents que mes albums sont comme des émissions de radio. Cette semaine, je suis à fond dans la musique électronique Allemande, et c'est tout ce qui m'intéresse. La semaine prochaine ce sera le hillbilly. Et ensuite la power pop. J'ai toujours détesté le fait d'avoir à choisir une direction. Ma direction c'est que je nai pas de direction. Les gens sont si fermés en art... J'ai grandi en m'intéressant à tout, du crooning de Sinatra à 'Hello, Dolly'. Je suis l'amateur ultime."


Amateur considéré par certains comme l'un des pionniers de l'éthique DIY - DIY jusqu'à ce que ça fasse mal - Robert Stevie Moore reste littéralement inconnu du public et il s'en désespère. Sa musique est MIRACULEUSEMENT INSPIREE et il faudrait un bonus de vie supplémentaire pour tout découvrir. Il vit dans le New Jersey où il est à l'heure qu'il est le conservateur de son propre musée sur bande magnétique.




Quelques mp3 :

R. Stevie Moore - horizontal hideaway - don't let me go to the dogs.mp3

R. Stevie Moore - i wish i could sing.mp3

R. Stevie Moore - technical difficulty.mp3

R. Stevie Moore - you can't write a song.mp3


Deux vidéos :











Lui faire une déclaration d'amour :
http://www.myspace.com/thersteviemoore

Commander ses disques/cassettes/mp3 :
http://www.rsteviemoore.com/tapelist.html




Secret Mommy - Plays

Secret Mommy, de son vrai nom Andy Dixon, réside à Vancouver.

En attendant la mort, il compose de la musique électronique basée sur la manipulation de sons organiques. Il gère aussi son propre label, ache. Dans ses deux premiers albums, il tronçonnait sauvagement des voix de popstars (Beyoncé, Shania Twain, Mary J Blidge...) et les juxtaposaient avec des samples de grenouilles, de respiration humaine, d'outils traînant dans un cabinet de dentiste... Pour Very rec, la plupart des sons provenaient de terrains de jeux (bruits de balancoire, d'un bras effleurant l'eau d'une piscine, de balle percutant une raquette de tennis...).

On pourrait craindre un résultat un peu austère, mais la recherche sonore n'est pas son seul centre d'intérêt. C'est aussi un fan de pop, il ne peut pas se retenir d'étaler des mélodies délicieuses et/ou idiotes dans ses morceaux hachés, sautillants, bourrés de coupures rythmiques. Côté références, on pourrait aligner Dat Politics, Mouse on Mars quand ils étaient très bons, à l'époque de Niun Niggung, ou un Aphex Twin heureux de vivre.

Jusqu'à maintenant, ses albums étaient décents, contenaient une poignée de tubes, mais on ne pouvait pas non plus hurler au chef d'oeuvre en lui embrassant le nombril. Beaucoup d'espoirs étaient cependant misés sur monsieur Dixon, car peu avant Very Rec, il avait commis le maxi Hawaii 5.0. Le genre de merveille délicate qui stimule des petites piqures de plaisir de la troisième cervicale à la vertèbre dorsale numéro onze. Fondés sur des samples de musique hawaïenne et de fruits tropicaux mâchés avec voracité, ces cinq titres auront une belle place au paradis de l'électro pop déviante.

La grande nouvelle, c'est que Plays, son quatrième album, est aussi bon qu'Hawaii.

 

Il a invité tous ses amis à venir jouer dans son studio (des membres de They shoot horses, The Winks, The Doers...). Il avait consciencieusement écrit des parties pour tout le monde, mais leur absence flagrante de discipline a débouché sur un tas massif d'improvisations. La seule règle à respecter : faire un album électronique sans aucun son synthétique (pas de boite à rythme, pas de synthétiseur, rien d'électrifié en fait). Guitares sèches, violon, cuivres, instruments à vent, ukulélé et percussions deviennent la matière première qu'il continue à couper/coller/malaxer avec énergie. Un tel traitement numérique d'instruments accoustiques ne peut que rappeler The Books. Secret Mommy chante même de temps en temps (notamment sur le scotchant Kool Aid River, porté par une ligne de chant émo “mettre du gel dans mes cheveux me donne des orgasmes” du plus bel effet). Ecoutez le, donnez lui votre argent, c'est une des plutôt rares personnes à faire de la musique électronique intéressante aujourd'hui.


secret mommy - kool aid river.mp3

secret mommy - to burry a tent.mp3

acheter un de ses disques


le clip de Kool Aid River réalisé avec trois dollars canadiens par Andy Dixon:


SUB-DIVIN CANADIEN





Il s’appelle Chilly Gonzales mais les gens prononcent très très rarement son prénom (un peu comme Dieu finalement, avec qui il partage le fait d’être très très fort).
Il est Canadien et possède beaucoup d’humour (un humour parfois lourdingue, c’est vrai et c’est pour ça que Dieu est Un et pas deux). Son look un peu ringard et quelque chose de patibulaire dans son allure le disqualifient d’office à un casting de chippendale mais Gonzales n’en demeure pas moins un virtuose du piano, doublé d’un producteur de hip-hop minimaliste et aventureux.

Gonzales - take me to broadway.mp3

Il a collaboré avec Feist et Jamie Lidell, Patric Catani, Peaches, Puppetmastaz, Katerine, et reste un spécialiste du second degré (parodies en tous genres, reprises absurdes et remixes gospel… le principe ? Prendre un titre généreusement produit / ne conserver que la piste vocale / rajouter piano, chœurs et claps enregistrés à l’arrache…
Sur la face b d’un Jamie Lidell, ça donne ça :

Jamie Lidell - multiply (in a minor key - piano by gonzales).mp3

Et en live avec Lidell himself, Feist et Mocky, ça donne un joyeux bordel :

(afin de devancer vos FAQ à propos des gants blancs arborés par nos quatre protagonistes, sachez que je n’ai aucune explication valable à ce jour excepté que la tournée s’intitule “White Gloves” et que c’est sûrement très hygiénique).

MULTIPLY - live

et aussi :

So-called party over there




JOYEUX et BORDEL : voilà deux mots qui collent bien à l’univers de Gonzales comme le prouve cette vidéo de très mauvaise qualité mais qui démontrent son pouvoir sur la pauvre Feist à qui il fait faire vraiment n’importe quoi, là :

Gonzales (with Feist) live at Trash


C’est vrai, à peu près TOUS les albums de Gonzales ont un côté, comment dirais-je, BORDERLINE… comme s’il prenait un malin plaisir (volontaire ou non) à frôler constamment le mauvais goût… Pourtant, ceux qui l’ont déjà vu sur scène témoigneront de sa capacité à transcender une matière première parfois “limite”.
Il est notamment un improvisateur terrible au piano (il a d’ailleurs enregistré en 2005 tout un album avec rien d’autre que du piano) et quand il interprète sur scène le morceau de tout à l’heure, Take me to Broadway, ça donne ça :

http://www.dailymotion.com/video/x17cwp_gonzales-take-me-to-broadway_music

Bon, il va bientôt sortir un nouvel album (que les plus roublards possèdent déjà), “l’album du retour aux sources” dirait le chroniqueur haut de gamme… Selon mes sources à moi, à savoir les propres mots de son géniteur, cet album peut provoquer “le dégoût, la confusion, l’orgasme chez les auditeurs” et je dois dire qu’il tape exactement dans le mil. Après quelques écoutes frénétiques de cet album (je fais partie des roublards sus cités), je dirais que 30 % des titres peuvent procurer un bonheur extrême par leur côté rédempteur et motownien (tendance Jackson 5) voire disco 70’s tandis que 30 (autres) % (composés de ballades lo-fi cotonneuses à souhait) inspirent, quant à eux, la mélancolie (un peu à la manière d’une Gymnopédie d’Éric Satie). Je ne saurais quoi dire du tiers restant et vous inviterai donc à vous forger votre propre opinion.

Notons que Gonzales entame une tournée en Europe et qu’il se produira à la MJC moderne de Feyzin le 29 mars prochain en compagnie de Mocky et So Called (Joyeux et Bordel…).

Voici le premier morceau de Soft Power (c’est le titre du disque) que je vous conseille d’écouter le matin, au réveil, quand vous sentez la journée de merde… ça marche !

Gonzales - Working Together.mp3

Et le making-of du producteur multi instrumentiste dans son studio :
(le premier qui rit quand il joue des congas a perdu…)

WORKING TOGETHER - TEASER





POST-POP DE LUXE


Déviant, bizarroïde, alternatif, abstrait… tout ce que vous voudrez mais qui dit Anticon dit quand même HIP-HOP. Et c’est précisément autour d’un credo commun, à savoir un certain renouveau du genre, que le vertueux label californien (d’Oakland plus précisément) a vu le jour et que ses membres fondateurs (Sole, Why?, Doseone, Odd Nosdam…) se sont associés.
Tout ça, c’était il y a quand même belle lurette (c’est drôle comme cette expression est pas encore tombée en totale désuétude) et, au vue des dernières signatures dignes d’intérêt (Thee More Shallows, Sj Esau…), les moins perspicaces constateront d’eux-mêmes : “mais c’est de pop qu’il s’agit !”. Affirmatif… et l’album de Son Lux à paraître début mars ne déroge pas à la “nouvelle règle”. Ryan Lott (aka Son Lux) est né à Denver en 1979. La légende raconte qu’il commit son premier live aux côtés de Sufjan Stevens et Emmylou Harris, grâce à un tremplin universitaire dont il fût le lauréat. Bon, c’est vrai là le terme “légende” est un peu galvaudé… un peu dans le genre : “la légende raconte que Tom Cruise a travaillé pour de vrai dans un bar ultra jet set pour s’entraîner avant le tournage du film Cocktail”. Bref. Revenons à Son Lux dont l’album intitulé At War with Walls and Mazes est, ma foi, charmant. Certains morceaux sont même très beaux comme cette piste 9 plaintive et pudique à la fois… si la post-pop existait, je crois que Son Lux ferait de la post-pop.

Son Lux - Stand.m4a


Et un joli clip vidéo :



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