Chatclou & █████████ présentent
FENSTER (Pop-Yoga, Morr Music, Berlin) + FRANÇOIS VIROT (Folk-Transcendance, Clapping Music, Lyon)
6 €
Jeudi 22 mai, 20h50
@ Sonic (4 quai des étroits, Métro Perrache, Lyon 69005)
Il fallait écrire quelque chose.
Se raccrocher à l'illusion que les mots ont encore un pouvoir, même s'il y a plus de 140 caractères et qu'aucun instagram n'y est attaché, et que le bon enchaînement syntaxique provoquera rire, émotion, et adhésion.
Pourtant je n'ai plus rien à dire. C'est la troisième fois qu'on organise ce groupe, ce qui devrait être en soi une preuve suffisante qu'on l'aime fort, mais je ne sais pas quoi rajouter, sur ça ou autre chose.
En ce moment, même mes Grandes Interrogations Existentielles ont un sale goût de moisi réchauffé, et cette introduction métatextuelle sent elle aussi son plagiat peu inspiré des newsletters de Grnd Zéro.
Alors on va voir les critiques (toujours élogieuses) publiées sur le dernier disque. On y apprend que Fenster sont peut être deux, ou alors trois, sans doute quatre. Qu'ils comptent une new-yorkaise, un (ou deux) berlinois, un (ou deux) français, et un mystérieux producteur grec. Que le deuxième (ou quatrième) album, The Pink Caves (oui je sais, moi aussi j'ai trouvé ça un peu dégueu comme nom au début), sorti en mars dernier, est mieux que le précédent. On est un peu perplexes devant l'emploi du terme "postmoderne" pour qualifier le groupe, simplement parce que les membres sont de nationalités différentes (MAGIC) mais on prend bonne note des références balancées (Velvet Underground, Grizzly Bear, Broadcast, Orcas -tiens, je connais pas ça- et the XX) et des adjectifs employés (esthétique onirique et capiteuse, arrangements somptueux, présence limpide, infinies nuances du clair-obscur, luxuriante instrumentation, duveteuse incorporation du réel et de ses triviales sonorités, imaginaire musical éthéré, mélodies inoxydables, grevée (?) d'apesanteur). On comprend pas tout mais on trouve ça joli.
(http://www.hartzine.com/fenster-mirrors/)
On revisite les (toujours élogieuses) critiques de Bones (2012), et on s'aperçoit que l'ami J.D. a du vouloir dire "sans gravité" ou "en apesanteur" et que personne ne l'a jamais corrigé parce qu'après tout, tout le monde s'en fiche un peu (http://www.lesinrocks.com/musique/critique-album/fenster-pop-sans-apesanteur/).
Pendant ce temps on écoute le deuxième album sur le lien soundcloud super secret donné par le tourneur (y a quand même des avantages à ce boulot ingrat), et bon sang, on a appris à l'aimer cet album, on s'y est petit à petit habitué, sans s'en rendre compte, et si au début on avait toujours envie de réécouter le premier, maintenant on a des ronronnements de reconnaissance dès les premières secondes du premier morceau. Et puis on quitte l'écran des yeux, et on a l'air de regarder par la fenêtre alors qu'en fait on contemple son âme (sous une lumière certes flatteuse).
Voilà. Fenster c'est pas du Shoegaze, c'est du Windowgaze (Fenstergaze) ou du Soulgaze.
ça s'écoute ici : http://fenster.bandcamp.com/ et ici http://www.fensterbones.com/
ça se regarde ici : http://www.hartzine.com/fenster-cat-emperor/ ou là
C'est de la pop-music mélancolique.
C'est un peu triste.
C'est beau.
En parlant de triste et beau, pour ceux qui auraient encore des doutes sur la constance du talent de l'ami François Virot, ils peuvent écouter son dernier tube Blue Void, et cesser sur-le-champ toute contestation hérétique.
Évidemment son premier album solo Yes Or No, et ses disques avec Réveille et Clara-Clara sont tous chaudement recommandés par la rédaction. 5 étoiles.
http://clappingmusic.com/artistes/francois-virot (il est beau le nouveau site du label, hein ?).
Enfin voilà, on appellera ça une newsletter ou un message promotionnel, on cliquera sur Envoyer avec un léger sentiment de déjà-vu. Les années passent et se ressemblent - les promesses à soi-même qu'on trahit systématiquement, les petites déceptions du quotidien, la prise de conscience graduelle de ses propres limites et les histoires cyclothymiques et monotones qu'on (se) raconte, et qu'on a de plus en plus de mal à faire semblant de croire.
On s'en console en se disant que si on est encore là dans dix ans, à vous parler de Fenster, on aura peut-être pas tout raté.
I'm going to see my true love.